LES 7 HABITUDES (4-5-6)



 Les 7 habitudes (suite)


LA VICTOIRE PUBLIQUE : Les paradigmes de l’interdépendance

Une interdépendance constructive ne peut découler que d’une véritable indépendance. Il n’existe pas de raccourci. La vie est jonchée de débris de relations. Elle est pleine de gens qui ont essayé de construire des relations positives alors qu’ils ne possédaient pas la maturité et la force de caractère nécessaires pour cela.

Métaphore du compte affectif
Comme sur un compte en banque, nous pouvons déposer des valeurs sur le compte affectif de chacune de nos relations. Elles sont le produit de nos interactions et représentent le degré de sécurité que nous ressentons dans nos rapports avec telle ou telle personne. Si nous n’avons pas constitué de réserves, nous ne pourrons pas y puiser en cas de besoin, c’est-à-dire, d’erreur ou de conflit.
Les six catégories de versement
Comprendre l’autre
Les petites attentions font les grandes relations
Tenir ses promesses
Exprimer clairement ses attentes
Cultiver son intégrité personnelle : être loyal envers les absents
Présenter des excuses sincères quand on s’est trompé


Les lois de l’amour et les lois de la vie
Lorsque nous prouvons à quelqu’un notre amour inconditionnel, nous l’encourageons à vivre dans le respect des lois fondamentales de la vie : coopération, apport personnel, autodiscipline, intégrité.
Lorsque nous enfreignons les lois de l’amour, nous encourageons l’autre à enfreindre les lois de la vie. Nous le poussons dans une attitude défensive où il doit prouver qu’il existe en tant que personne indépendante : il se montre en fait antidépendant. L’antidépendance est la forme la plus immature de la dépendance.
 
IV.  PENSEZ GAGNANT / GAGNANT
Principes de leadership interactif

Six paradigmes d’interaction
Le bon choix dépend de la réalité rencontrée. Cependant la plupart des situations de la vie reposent sur l’interdépendance ; gagner ensemble constitue alors la seule solution viable.
1.    Gagnant/gagnant : possède une mentalité d’abondance : « il y en aura pour tout le monde ».
2.    Gagnant/perdant : possède une mentalité du rationnement : « il n’y en aura pas pour tout le monde, moi d’abord ». Notre système éducatif est construit sur ce modèle.
3.    Perdant/gagnant : se considère perdu d’avance et préfère laisser les autres gagner pour conserver sa tranquillité. Cette inhibition masque beaucoup de déceptions refoulées et finit par entraîner des réactions démesurées.
4.    Perdant/perdant : deux individus gagnant/perdant finissent par perdre mais préfèrent tout perdre que faire la moindre concession.
5.    Gagnant : tout ce qui compte c’est d’obtenir ce que l’on veut, sans pour autant désirer que l’autre perde.
6.    Tout ou rien : si nos buts, nos valeurs s’opposent manifestement, mieux vaut ne pas s’engager ensemble, ne pas créer d’attentes irréalistes.

Gagnant/gagnant : cinq paramètres essentiels
1.    Le caractère : cinq traits fondamentaux (3 ?)
L’intégrité : pour gagner avec autrui, il faut savoir ce qui pour nous constitue une victoire, c’est-à-dire un succès en harmonie avec nos valeurs.
La maturité : le courage d’exprimer ses sentiments et ses convictions tout en respectant ceux des autres.
La mentalité d’abondance : « il y en aura assez pour tout le monde », en opposition à la mentalité du rationnement qui s’accapare les biens, la reconnaissance, le pouvoir…
2.    Les relations humaines : créditer les comptes pour instaurer la confiance !
3.    Les accords de performances : fixer le cap
Résultats escomptés (surtout pas de méthodes) : ce qui est à faire + délais
Directives : fixer les limites du cadre, principes, stratégies, etc
Ressources : humaines, financières, techniques, collectives, etc
Responsabilités : établir des normes pour évaluer le chemin parcouru
Conséquences : bonnes ou mauvaises, naturelles ou logiques, découlant de ces évaluations.
4.    La structure : cohérence entre les systèmes de formation, communication, organisation, information, rémunération, etc, qui doivent concourir au même but.
5.    Processus progressif : quatre étapes (habitudes 5 et 6)
Comprendre et exprimer les besoins de l’interlocuteur aussi bien que lui
Reconnaître les problèmes clés (pas les positions) de chacun
Déterminer les résultats et solutions acceptables pour toutes les parties
Déterminer les possibilités d’action et concrétiser ces solutions.

Suggestions
Pensez à une situation d’interaction dans laquelle s’exercer à maintenir l’équilibre entre votre courage et votre respect de l’autre.
Etablissez une liste d’obstacles à l’application du principe gagnant/gagnant dans votre vie et voyez comment en éliminer quelques uns.
Identifiez trois relations clés de votre vie, indiquer le niveau de confiance mutuelle atteint et imaginer comment augmenter le crédit des comptes affectifs.
Observez les personnes qui cherchent à gagner avec leur interlocuteur, même dans les circonstances les plus défavorables, et tirez-en des leçons.


V.  Cherchez d’abord à comprendre puis à être compris
Principes de communication

C’est la clé de la communication interactive et de toute relation constructive.
Nous avons souvent tendance à nous emballer et à donner des conseils avant même de connaître le fond du problème, ce qui équivaut à faire une ordonnance avant d’avoir établi le diagnostic.
On apprend à lire et à écrire, à parler… mais jamais à écouter ! Les rares formations à l’écoute reposent sur l’éthique de la personnalité et ignorent la base de toute communication : le caractère de chacun et le rapport entre les interlocuteurs. Une conduite sincère et un authentique désir de comprendre, sans hypocrisie, inspirent seuls la confiance qui permet à notre influence de s’exercer.
Nous écoutons trop souvent tout en nous préparant déjà à parler, dans l’intention de placer notre réponse. Nous filtrons ce que nous entendons à travers nos propres paradigmes et projetons notre expérience sur les comportements de ceux que nous prétendons écouter.
Exemple
Le père : «  Je ne comprend pas mon fils, il ne veut plus m’écouter »
B : « Si je vous comprend, vous ne comprenez pas votre fils parce qu’il ne vous écoute plus ? »
Le père impatient : « oui, c’est ça »
B : Je pensais que pour comprendre quelqu’un, c’était à vous d’écouter cette personne ! »
Le père cherche la réponse dans ses propres références, y compris sa propre enfance.
On compte habituellement quatre niveaux d’écoute
1.    Ignorer l’autre : ne pas écouter du tout
2.    Faire semblant d’écouter, en acquiesçant de temps à autre
3.    Faire une écoute sélective et de retenir que certains passages (très courant avec le bavardage des jeunes enfants)
4.    Ecouter attentivement en ne prêtant attention qu’aux mots
Il existe pourtant un cinquième niveau d’écoute
5.    Ecouter avec empathie, en s’identifiant à notre interlocuteur pour le comprendre.

Attention
Ne pas confondre l’empathie avec la sympathie qui constitue une forme d’acceptation, de jugement. Se mettre à la place de l’autre ne demande pas d’être d’accord. Cela demande en revanche suffisamment de confiance en soi pour se sentir en sécurité. Les habitudes 1, 2 et 3 sont essentielles à cet effet.
Ne pas confondre l’identification, c’est à dire la compréhension en profondeur, avec les tactiques d’imitation qui sont de la manipulation.
On estime que seuls 10% de la communication passe par les mots, 30% par divers autres sons et 60% par notre corps : il faut donc écouter surtout avec nos yeux et notre cœur, écouter les sentiments, le sens et le comportement en utilisant autant notre hémisphère droit que le gauche. Ce faisant nous créditons les comptes affectifs et nous apportons de « l’oxygène psychologique » à la discussion.
Les vendeurs amateurs vendent des produits, les vrais commerciaux vendent des solutions adaptées aux besoins de leur clientèle.

Exemple de conversation en quatre étapes/options
1.    Imiter
A. J’en ai vraiment marre du lycée
B. Tu en as vraiment marre du lycée
2.    Reformuler (compréhension des mots)
A. J’en ai vraiment marre du lycée
B. Tu as envie d’arrêter le lycée.
3.    Refléter le sentiment (compréhension du sens)
A. J’en ai vraiment marre du lycée
B. Tu te sens complètement frustré
4.    Reformuler en associant le sentiment
A. J’en ai vraiment marre du lycée
B. L’école te frustre complètement.
Ensuite, tant que les réponses de A restent logiques, B peut continuer à poser des questions et donner des conseils. Dès que le discours devient plus affectif, il lui faut se concentrer uniquement sur l’écoute avec reformulation des sentiments.
Notre savoir-faire en la matière ne constitue que la partie émergée de l’iceberg : la partie immergée, qui la soutient, est notre caractère.

Savoir se faire comprendre
Si comprendre exige que l’on respecte son interlocuteur, se faire comprendre requiert du courage. La maturité est précisément l’équilibre entre ces deux qualités.
Exemple de la rhétorique grecque basées sur trois phases : ethos, pathos et logos – caractère, relation/empathie, logique d’expression. On passe souvent directement à la troisième étape sans la situer dans le contexte des paradigmes et préoccupations de l’interlocuteur.
L’habitude 5 permet d’acquérir un niveau de précision et d’intégrité plus élevé dans nos explications. Elle agit à l’intérieur de notre cercle d’influence.

Suggestions
Choisissez une relation affectivement déficitaire ; décrivez par écrit la situation du point de vue de l’autre personne. A une prochaine occasion, efforcez-vous de la comprendre et comparez.
Testez l’écoute empathique avec un proche et demandez-lui de vous évaluer.
Observez des individus en train de communiquer en vous bouchant les oreilles.
Lorsque vous vous surprenez à mettre en avant vos propres expériences, essayez de revenir là où vous avez cessé d’écouter, de manière à créditer votre compte affectif.
Présentez vos projets en décrivant d’abord le point de vue de l’interlocuteur, puis le vôtre tout en s’appuyant sur leur cadre de référence.

VI.  PROFITEZ DE LA SYNERGIE
Principes de coopération créative

La synergie constitue l’essence de toute évolution. Cela signifie que les rapports entre deux parties (y compris de soi-même) constituent en eux-mêmes une troisième partie, plus puissante, douée de nouvelles possibilités.
Cette nouvelle création peut sembler inquiétante car elle est imprévisible. Exemple : la conception d’un enfant. Ouvrir ainsi de nouvelles voies requiert une grande force de caractère, des principes infaillibles, un esprit ouvert et aventurier : on procède par à-coups, erreurs et rectifications.
Le concept de synergie repose sur le respect de nos différences afin de développer nos forces et de compenser nos faiblesses. Nous apprécions les différences physiques entre un homme et une femme, mais qu’en est-il des autres différences ? Leur synergie ne pourrait-elle pas créer un nouveau modèle – jamais figé – fondé sur la compréhension et la coopération ?
Ce mode de travail, autotransformateur, demande de rester ouvert à des évolutions inattendues du projet de départ. Il est favorisé par la synergie psychique cerveau droit / cerveau gauche : gérer à gauche, diriger à droite.
Il ne faut pas chercher à imiter les maîtres mais plutôt rechercher ce qu’ils ont recherché : copier non le résultat mais le processus.

Synergie et communication
1er niveau : comportement protectionniste et « langage législatif » pour se couvrir.
2ème niveau : conversation courtoise mais superficielle, compromis : chacun cède un peu et gagne un peu
3ème niveau : plaisir de l’interaction, les solutions trouvées sont différentes et meilleures que celles proposées séparément : tout le monde en convient.
La recherche de la troisième option renforce autant P que CP : la relation n’est plus une transaction mais une transformation qui la consolide.
NdeCC : c’est le principe de la sociocratie ou gouvernance écologique.

Vers une culture de la synergie
Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est mais tel que nous sommes. Il faut l’admettre pour créer un environnement synergique et libérer l’énergie négative que l’on a tendance à déployer pour défendre son propre point de vue quand on le sent menacé.
Le principe de la synergie représente le summum d’une constructivité influente dans les situations d’interdépendance.
Notre synergie intérieure se situe entièrement dans notre cercle d’influence. Elle produit sa force même dans une ambiance hostile, en utilisant toutes les informations créativement.

Suggestions
Dressez une liste des personnes qui vous énervent et voyez comment leurs points de vue pourraient servir de base à une force de synergie.
Choisissez une situation qui demanderait plus de synergie. Quelles conditions faudrait-il réunir pour la mettre en place ?

Jean-Claude Bauer