L'ART DE METTRE UN PIED DEVANT L'AUTRE



UN CORPS EN ETAT DE MARCHE

L’organisation cognitive du mouvement (OCM)

En réintégrant au niveau cognitif les mouvements que le bébé utilise pour « roder » son corps, jusqu'à la marche bipède alternée, il est possible, à tout âge, d’améliorer sa posture et sa coordination motrice, de stimuler les organes ainsi que le système nerveux et d’apprendre à mieux communiquer.

Chacun a une démarche particulière, liée à son caractère, certes, mais d’abord au « rodage corporel » qui se déroule pendant les premiers mois de la vie. Un rodage qui se met en route à notre insu, de façon réflexe et automatique, grâce à une série parfaitement codifiée de mouvements primitifs. Leur enchaînement permet au cerveau de construire les circuits neurologiques nécessaires pour contrôler nos gestes et appréhender la marche bipède. La qualité de ce rodage dépend en grande partie de l’environnement dans lequel on a grandi et des stimuli qui nous ont permis d’évoluer : stimuli gustatifs, auditifs, olfactifs, visuels et tactiles, sans oublier le rôle joué par les parents, interface fondamentale entre le bébé et le monde. En effet, les bras qui nous ont porté véhiculaient l’histoire de leurs propriétaires. Il est donc normal que la mémoire du rodage corporel soit imprégnée de cette relation de dépendance, comme une trame sur laquelle s’est construite toute notre organisation neurologique et posturale.

Marchez vous de façon réflexe ou cognitive ?
Le mouvement est le berceau du comportement. Nos gestes s’imprègnent, au fil du temps, des nombreuses informations que nous stockons dans la mémoire de nos tissus. Qu’il s’agisse de marcher, de parler ou de penser, nous faisons toujours appel à cette mémoire cellulaire, présente dans les connexions neurologiques établies dans la prime enfance, pendant l’apprentissage du mouvement.

Dans les années 50, le neurochirurgien américain Temple Fay, en travaillant sur les enfants cérébraux-lésés, avait eu l’intuition que les mouvements primitifs, apparemment chaotiques du nourrisson, présidaient à la maturation de son système nerveux. En effet, tous les bébés exécutent spontanément, et de façon rythmique, des gestes semblables qui les amènent à la conquête de leur verticalité et leur permettent progressivement d’habiter leur corps.

Les recherches de Fay ont permis de mettre en évidence douze mouvements archétypaux qui préludent à la marche et conditionnent l’équilibre psychophysique, notamment l’orientation dans l’espace, l’éclosion du langage et l’élaboration de la pensée. Ils constituent un véritable système communiquant qui envoie des messages d’organisation et de coordination cellulaire au cerveau, activant des récepteurs ostéo-musculaires et des fasciæ aponévrotiques. C’est pourquoi il est essentiel de respecter le rythme de l’enfant dans la progression d’une étape à l’autre et de n’en court-circuiter aucune avec des substituts comme le « trotteur pour bébé ».

LES DOUZE MOUVEMENTS ARCHETYPAUX

Cinq mouvements pour roder ses articulations
      1. rodage des jambes
     2. ouverture du bassin
     3. rodage des bras
     4. coordination bras/jambe homolatérale
     5. coordination bras/jambe alternée
Sept mouvements pour se déplacer dans l’espace
     6. rouler
     7. ramper
     8. marcher à quatre pattes
     9. marcher comme un ours
     10. position accroupie
     11. marche homolatérale
     12. marche alternée

Néanmoins, chez beaucoup d’entre nous, une ou plusieurs étapes de ce processus ont été constellées de peurs et de manques, induisant plus ou moins rapidement des problèmes mécaniques et organiques. A la différence du nourrisson, l’adulte a la maîtrise du geste. Il lui est donc possible de réintégrer consciemment la suite logique des mouvements réflexes du bébé, selon un protocole précis adapté à sa morphologie d’adulte. Grâce à un simple travail de reprogrammation, on peut, à tout âge, corriger des habitudes néfastes pour assumer tout naturellement des positions physiologiques, c’est-à-dire compatibles avec l’architecture du corps. Activer correctement chaque articulation, ainsi que les chaînes musculaires qui les relient, permet aux courants vitaux de circuler sans entraves : condition indispensable à la santé physique et psychique. C’est ce que propose l’Organisation Cognitive du Mouvement.

d’après Cristina Cuomo, auteur de « La Marche, un mouvement vital », éditions du Dauphin
http://www.gymnastique-biologique.com/